La grande muraille a, sans nul doute, exigé le plus grand effort humain jamais égalé dans l’histoire des constructions anciennes. Plus de 100 millions de tonnes de briques, de pierres et de terres ont été transportés et assemblés par une main-d'œuvre constituée d’un nombre pharaonique de soldats, de paysans, de prisonniers voire d’animaux recourant à des moyens rudimentaires, comme les cordes, le bois et les paniers, dans des régions isolées qui s’étendaient du désert aride aux crêtes montagneuses abruptes.
Poursuivez votre lecture pour approfondir vos connaissances en ce qui concerne la main-d'œuvre, le terrain, les matériaux et la technologie utilisés dans la construction de la Grande Muraille — vous y trouverez des réponses que vous n'auriez, probablement, jamais imaginées.
Tout au long de ses milliers de kilomètres, la Grande Muraille serpente à travers des régions aussi diverses que variées allant du désert au bord des rivières, en passant par des massifs montagneux et des plaines. Les concepteurs de cet édifice monumental profitèrent, en permanence, des caractéristiques intrasèques de chaque type de terrain tout en choisissant des lieux stratégiques dans le but de repousser, plus efficacement, les envahisseurs.
Les vestiges de la Grande Muraille nous révèlent que celle-ci fut construite le long de crêtes montagneuses, mais aussi aux passages de cols étroits ou bien encore à travers d'importantes voies de communication de terrain plat.
Sur le parcours de la Grande Muraille, on peut apercevoir des tours de guets et des phares édifiés en hauteur à des fins d'observation et de communication via un ensemble de torches de signalisation.
Dans les plaines et les déserts, les architectes profitèrent des rivières (et de leurs falaises) pour en faire des barrières naturelles. Celles-ci permirent, non seulement, de contrôler des lieux stratégiques mais, également, d'économiser du temps, de l'énergie et du matériel.
La plupart des sections (restaurées) de la Grande Muraille que l'on peut voir actuellement ont été construites avec des briques et des blocs ou dalles de pierre taillés. Aux endroits où ces matériaux faisaient défaut, on utilisait, autant que possible, des moyens naturels d'origine locale comme de la terre tassée, des pierres brutes, du bois voire des roseaux.
Le bois servit dans la fabrication de forts et comme matériel complémentaire. Dans les lieux où les arbres venaient à manquer, on l’acheminait depuis les régions forestières
Dans les zones montagneuses, les travailleurs extrayaient et taillaient la pierre pour édifier la Grande Muraille. Les montagnes, elles- mêmes, servaient de fondations tandis que les couches supérieures du mur étaient réalisées à partir de blocs de pierre (et de briques) et les joints complétés de petites pierres non taillées ou de n'importe quel autre matériel disponible à proximité (comme de la terre ou même des corps d'ouvriers morts).
Dans les plaines, les travailleurs n'avaient d'autres choix que d'utiliser la terre locale (loess, sable, etc...) pour la tasser en des couches compactes. Située à l’ouest de la Chine, la section de la Grande Muraille de Jiayuguan bâtie à partir de terre loessique poussiéreuse et considérée comme " la terre la plus érodable du monde" incarne, à elle seule, le modèle de ces techniques de fabrication d'un autre âge. En outre, les visiteurs seront stupéfaits de constater que, de nos jours, ces édifices de terre vieux de plus de 2000 ans demeurent intégralement conservés!!!
On sait que les particules de sable s'agrègent difficilement. Alors comment construire un mur avec du sable? Le sable servait comme matériau de remplissage entre des couches de roseaux ou de branches de saule. L'ouest de la Chine, autour de Duhuang, est désertique. A cet endroit, des bâtisseurs innovants firent usage de roseaux et de bois de saule acheminés depuis les rivières et les oasis de la région leur permettant, ainsi, de construire des fortifications robustes. Le fort du passage de la Porte de Jade (Yumenguan) de la Grande Muraille possède une enceinte composée d'un mélange de sable et de roseaux sur une épaisseur de 20 cm et d'une hauteur impressionnante de 9 mètres.
La Grande Muraille Ming fut principalement édifiée avec des briques. Pour bâtir des murs solides en briques, on utilisait à l'époque du mortier à la chaux. Des briqueteries et des cimenteries étaient installées à même le chantier pour produire les matériaux de construction souhaités.
A travers les différentes dynasties, on estime à, environ, 100 millions de tonnes de pierres, de briques et de terres nécessaires à la construction de la Grande Muraille. Selon les relevés historiques mais aussi la légende, il existait trois façons d'acheminer les matériaux en haut des montagnes et à travers les plaines.
Les ouvriers transportaient la plupart des pierres et des briques sur des reliefs escarpés à même leurs épaules ou sur leur dos. En revanche, ils se servaient de paniers de bambou pour les éléments moins compacts comme la terre, le gravier ou le mortier à base de chaux.
Régulièrement, des chaînes humaines se constituaient, se passant, ainsi, les blocs de pierre et les paniers de main en main. Cette pratique s’avérait beaucoup plus performante que d’effectuer des aller et retour individividuels sur les sentiers étroits de montagne.
Dans les régions montagneuses, les chemins relativement plats permettaient l’utilisation des brouettes à une roue, pour le transport. Néanmoins, on pouvait recourir à des paniers et à des systèmes de poulies et de cordages lors du passage délicat de vallées profondes ou bien, encore, pour hisser les matériaux au sommet de la Grande Muraille. Utilisation d'animaux de charge — faits indéniables et légende improbable
Sans aucun doute, des attelages composés de chevaux ou de bœufs et tirant des charrettes servaient dans les zones aux reliefs plus plats pour acheminer les matériaux. Dans les déserts, on privilégiait les caravanes de chameaux capables de parcourir d'interminables distances.
Une légende raconte que pour la section de la Grande Muraille de Badaling, les ouvriers avaient recours à des chèvres pour acheminer les matériaux sur les pentes escarpées. En effet, connaissant leur aptitude unique en tant que grimpeur, on mentionne que les briques étaient fixées aux cornes de l'animal lors des montées délicates.
Plusieurs millions de personnes décédèrent au cours de la construction de la Grande Muraille. D’ailleurs, de nombreux poètes expriment, à travers leurs vers, une certaine amertume, comme dans l'exemple ci- dessous:
‘Chaque brique, chaque pierre
et chaque centimètre de terre
sont remplis du sang, de la sueur et des ossements du peuple chinois'
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