Minorité Shui

La minorité ethnique Shui compte une population d'environ 350000 habitants, qui se répartit pour la majeure partie dans le sud du Guizhou et pour une faible minorité dans la région autonome Zhuang du Guangxi voisin.

Le peuple Shui possède sa propre langue, appartenant au groupe linguistique sino-tibétain, ainsi qu'un système d'écriture appelé le "Shui Shu (les lettres Shui)", datant de plus de 2000 ans. Celui-ci se compose d'environ 400 mots, de formes similaires aux inscriptions des os d'oracle, et s'utilise principalement pour la divination. La majorité des Shui ne reconnaît pas ce langage et pratique le chinois au quotidien.

Les habitations Shui se concentrent le long des cours supérieurs des rivières Duliu et Longjiang, au sud de la chaîne des Miaoling shan sur le plateau Yungui (qui se partage entre le Yunnan et le Guizhou). On surnomme cette région "le pays où coule le lait et le miel" pour ses forêts denses et ses paysages pittoresques qui prêtent parfaitement à l'agriculture et la sylviculture.

Histoire

Les Shui descendent des Luoyue, l'un des anciens peuples vivant sur la côte sud-est de la Chine. La dénomination shui, littéralement « eau » en chinois, vient du fait que ce peuple est principalement installé le long des rivières et des cours d'eau et que ses coutumes, ses croyances, ainsi que son folklore tournent tous autour d'un même fil conducteur : l'eau. En 1956, ils prennent officiellement le nom de minorité ethnique Shui.

Habitudes alimentaires

Le riz constitue l'aliment de base des shui qui l'apprécient principalement sous sa forme glutineuse. Peu enclins à la culture des légumes (même si quelques espèces existent), ils accordent, en revanche, une plus grande attention à la pêche et à l'élevage du bétail destiné à la viande.

Très fraîche et appétissante, leur soupe aigre se compose d'aliments marinés comme les piments, les tomates, les poissons, les crevettes et les os de porc et bœuf.

De plus, on y incorpore des légumes qui vont bouillir (un peu comme une fondue). Les Shui consomment ce plat tout au long de l'année ne préparant que très rarement  des mets frits. L'alcool traditionnel, le jiuqian dont l'origine remonte à plus de 2000 ans reste également très prisé.

Style architectural

De type « pilotis, la maison traditionnelle shui est construite en bois de pin ou de sapin et recouverte d'écorce ou de tuiles du même matériau. En règle générale, elle comporte deux ou trois étages où vit la famille tandis que les volailles dorment sous la demeure. Le nombre de pièces varie de un, trois, cinq ou sept, mais on considère comme tabou le fait d'en avoir un nombre pair.

Habillement

Les hommes endossent principalement des vêtements bleus ou verts, boutonnés sur le devant. Le coton reste la matière la plus utilisée dans la confection des costumes. Ils portent également des turbans bleus ou noirs de même que des pantalons bouffants.

Les femmes enveloppent souvent leur tête avec des turbans et arrangent leurs longs cheveux en chignon où elles y insèrent, parfois, une broche. Elles s'habillent de robes sans col descendant jusqu'aux genoux, de couleurs bleue, verte et grise ainsi qu'un long tablier brodé. A l'occasion des fêtes, les femmes complètent leur habillement par un choix de boucles d'oreilles, colliers et bracelets en argent.

Us et coutumes

Le peuple Shui obéit à une hiérarchie clanique. L'aîné du clan peut, à tout moment, provoquer une réunion pour trancher une dispute domestique ou morale, ou pour discuter d'une affaire familiale. Chaque fois qu'une famille organise un mariage ou un enterrement, les autres membres du clan apportent leur aide. Selon son importance, il peut posséder son cimetière, ses forêts et montagnes, ses pâturages, ses sources d'eau, ses étangs et rivières propres. Le partage du travail au sein de la famille est établi de manière traditionnelle. Les hommes s'occupent du labour, du hersage, de l'épandage du fumier, des récoltes ainsi que de la nourriture pour le bétail tandis que les femmes doivent semer le riz, entretenir champs et potagers ainsi que s'adonner aux taches ménagères. Les Shui portent une attention toute particulière à l'image de la famille. Les personnes portant le même patronyme vivent ensemble et forment un clan dont tous les membres obéissent aux règles.

Lorsque deux jeunes gens souhaitent se marier, l'usage veut que la famille du jeune homme envoie un émissaire pour demander la permission à la famille de la jeune fille. Une fois celle-ci obtenue, la famille du jeune homme apporte, le jour prévu, un porcelet au domicile de la jeune fille où un repas léger est servi. Le jour du mariage, la famille de la jeune mariée reçoit un cochon bien dodu. Au cours de cette journée, le temps qui change ou qui devient orageux peut être signe de mauvais augure. Ainsi,  la plupart des cérémonies se déroulent en automne ou en hiver. Aucun parent ne participe au déménagement de la mariée. Habituellement, celle-ci doit quitter sa demeure le midi pour arriver chez son époux vers 18:00 ou 19:00 le soir, au moment où les parents y reviennent. La mariée passe sa nuit de noce accompagnée de sa demoiselle d'honneur. Finalement, le lendemain, elle regagne son domicile en attendant que son mari vienne la chercher. Commence alors leur vie de couple.

Fêtes et festivals

Les Shui possèdent leur calendrier propre qui divise l'année en 12 mois et 4 saisons et à partir duquel sont fixées leurs fêtes. La plus importante, la fête du Duan équivaut au Nouvel An chinois. Elle se déroule entre les mois d'août et d'octobre du calendrier grégorien. Sa date exacte varie d'une famille ou d'un village à l'autre et peut donc, ainsi, durer 49 jours. C'est la plus longue fête du monde. Durant cette période, on célèbre les récoltes et le passage à la nouvelle année.

Les Shui se parent de leurs plus beaux atours et se rassemblent dans les villages pour offrir des sacrifices, assister à des courses de chevaux, chanter et danser. Le poisson reste le mets le plus délicat et le plus précieux. D'abord rempli d'une farce à base de ciboulette, gingembre, ail, échalotes, poivre et autres condiments, il est cuit ensuite à l'étouffée. Le poisson symbolise les ancêtres du peuple Shui et montre la prospérité du clan.